Extrait du premier livre,
Ce passage n'est pas forcément représentatif de l'ensemble du livre, Exclusion, Réalité mais pas fatalité...

 
L'auto-exclusion

    L'exclusion engendre presque automatiquement l'auto-exlcusion. Et vouloir donner une définition de l'exclusion n'est pas chose aisée. Bien sûr, il y a les grandes exclusions, ce qui est reconnu comme tel par la majorité, par consensus. Il y a ce qui peut heurter la morale, l'éthique mais aussi l'économique et le social.
    Toute société produit des exclus. Chaque individu, selon son éducation, son histoire, ses convictions, sa morale reproduit des exclusions. Un discours collectif quelque peu plus permissif et tolérant ne gomme pas pour autant les retenues et modes de fonctionnement individuels.
    La Société dite moderne n'échappe pas à ce mode barbare: exclusion par le racisme, par la maladie, par l'orientation sexuelle, par xénophobie, par le chômage, par...
    Et il y a de ces exclusions qui ne disent pas leur nom. De celles que l'on a tendance à considérer comme "normales", dans l'ordre des choses, à force de les côtoyer. De celles qui dessinent sur les lèvres un sourire moqueur ou condescendant. De celles que l'on pratique sans s'en apercevoir.
    Des exclusions de toutes sortes envers les gros, les petits, les plus faibles, les malades, les mal-habiles, les mal-foutus, les mal-pensants, les malingres; les pas beaux, les pas contents. Les hors cadre, les hors normes. Les autres.
    De toutes celles qui ne tombent pas sous les feux de l'actualité comme le racisme qui, à un certain titre, est une exclusion comme une autre. Aussi scandaleuse que les autres. Aussi injuste et blessante que les autres.
    De ces petits mots collectifs ou individuels qui dévalorisent, qui font mal, qui provoquent des bleus à l'âme. Gratuitement.
    Cette manière de faire est tellement intégrée que les exclus en viennent à la considérer comme normale. La vivent douloureusement comme une tare de leur personnalité contre laquelle la société doit se protéger. Ils se croient exception et viennent à considérer leur propre exclusion comme légitime.
    Exclure, c'est avoir peur de la différence et par conséquent fuir devant la remise en question de son "moi" intime. Le refus d'accepter la différence provoque l'amputation d'une partie de sa propre personnalité.
    Il y aura toujours et partout dans le monde des exclusions et des injustices. L'humanité en général et l'homme en particulier feront que les injustices perdureront. Longtemps. Noir constat, désabusé. Pessimisme.
    Il n'a pas de solution miracle. Le croire confinerait à la naïveté. Oui, bien sûr... Pour changer le monde, il faut d'abord oser se remettre en question. Soi-même. Accepter son imperfectibilité. Alors le premier pas sera fait vers l'autre.

Claude Grossenbacher

 

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